Un trésor gaulois découvert en Bretagne
Sur le site du "Monde" aujourd'hui:
""C'est un trésor sonnant et trébuchant sur lequel a mis la main une équipe de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), lors des fouilles préalables à la transformation de la RN 164 en axe à quatre voies. Un ensemble de 545 monnaies - 58 statères et 487 quarts de statères -, enfouies dans l'enclos d'une ferme gauloise, à Laniscat (Côtes-d'Armor).
Présenté lundi 17 décembre à la préfecture de Saint-Brieuc, ce "magot" est le plus important dépôt monétaire mis au jour en Armorique. Il se compose de pièces légèrement concaves en alliage d'électrum (or et argent) et de cuivre, d'environ deux centimètres de diamètre pour les plus grandes, mangées par le vert-de-gris mais parfaitement conservées.
Comme toutes les monnaies gauloises, inspirées des statères grecs de Philippe II de Macédoine - qui enrôlait des mercenaires celtiques dans ses armées -, elles présentent sur une face un visage d'homme, sur l'autre un cheval. Mais ces figures sont rehaussées de motifs originaux : cheval androcéphale (à tête humaine), têtes coupées, sangliers, cordons perlés, ornements floraux...
La découverte, inopinée, remonte au printemps 2007 : "Nous menions une fouille systématique du site quand nous avons trouvé une première monnaie, à une trentaine de centimètres de profondeur, juste au-dessous de la couche de terre arable, relate Eddy Roy, responsable scientifique de l'équipe. En une seule journée, nous en avons exhumé une cinquantaine d'autres, puis, en ratissant l'enclos au détecteur de métaux, nous avons pu réunir tout le lot, éparpillé sur 200 m2 par les mises en culture récentes."
Le secret a été jalousement gardé, afin de tenir à l'écart les pilleurs. Au marché noir, certaines de ces pièces se négocieraient en effet plusieurs milliers d'euros. Pour les archéologues, elles n'ont pas de prix. Car l'ensemble est exceptionnel par son importance, mais aussi par sa localisation précise, dans une vaste - 7 500 m2 - mais non luxueuse exploitation agricole de l'âge du fer, délimitée par un enclos doublé d'un talus, et comprenant des habitations sur poteaux, un parc à animaux ainsi que des greniers surélevés. "De très nombreux habitats celtiques ont déjà été fouillés sans que l'on n'ait jamais trouvé la moindre monnaie", souligne Yves Menez, directeur scientifique et technique de l'Inrap.
La trouvaille soulève de multiples questions. Quelle signification, politique, religieuse ou symbolique attacher aux motifs ornant ces monnaies ? Ont-elles été dissimulées, puis oubliées, pour éviter que les légions romaines de Jules César ne s'en emparent, comme peut le laisser supposer la concomitance de leur émission - datée d'après leur alliage du milieu du premier siècle avant J.-C. - et de la conquête des Gaules ? Surtout, quel était leur usage ? "Elles représentaient, à l'époque, une fortune colossale. Pas plus que les billets de 500 euros, ces pièces ne servaient aux transactions courantes, commente Yves Menez. Elles étaient sans doute réservées à des acquisitions importantes, ou à une thésaurisation." Pourquoi enfin le site, occupé depuis le IIIe siècle avant notre ère, a-t-il été abandonné en pleine romanisation ?
L'or de Laniscat éclaire en tout cas d'un jour neuf la puissance de la cité des Osismes, peuple gaulois contrôlant le Finistère ainsi que l'ouest du Morbihan et des Côtes-d'Armor, que l'on croyait jusqu'alors, à tort, sous la dépendance des Vénètes (de Vannes). Il pousse aussi à reconsidérer la stratification des sociétés gauloises, que l'on pensait duales, avec une riche aristocratie vivant dans des agglomérations fortifiées (les oppida) et de simples fermiers. "La réalité devait être plus complexe, pense Yves Menez, avec des situations intermédiaires."
""C'est un trésor sonnant et trébuchant sur lequel a mis la main une équipe de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), lors des fouilles préalables à la transformation de la RN 164 en axe à quatre voies. Un ensemble de 545 monnaies - 58 statères et 487 quarts de statères -, enfouies dans l'enclos d'une ferme gauloise, à Laniscat (Côtes-d'Armor).
Présenté lundi 17 décembre à la préfecture de Saint-Brieuc, ce "magot" est le plus important dépôt monétaire mis au jour en Armorique. Il se compose de pièces légèrement concaves en alliage d'électrum (or et argent) et de cuivre, d'environ deux centimètres de diamètre pour les plus grandes, mangées par le vert-de-gris mais parfaitement conservées.
Comme toutes les monnaies gauloises, inspirées des statères grecs de Philippe II de Macédoine - qui enrôlait des mercenaires celtiques dans ses armées -, elles présentent sur une face un visage d'homme, sur l'autre un cheval. Mais ces figures sont rehaussées de motifs originaux : cheval androcéphale (à tête humaine), têtes coupées, sangliers, cordons perlés, ornements floraux...
La découverte, inopinée, remonte au printemps 2007 : "Nous menions une fouille systématique du site quand nous avons trouvé une première monnaie, à une trentaine de centimètres de profondeur, juste au-dessous de la couche de terre arable, relate Eddy Roy, responsable scientifique de l'équipe. En une seule journée, nous en avons exhumé une cinquantaine d'autres, puis, en ratissant l'enclos au détecteur de métaux, nous avons pu réunir tout le lot, éparpillé sur 200 m2 par les mises en culture récentes."
Le secret a été jalousement gardé, afin de tenir à l'écart les pilleurs. Au marché noir, certaines de ces pièces se négocieraient en effet plusieurs milliers d'euros. Pour les archéologues, elles n'ont pas de prix. Car l'ensemble est exceptionnel par son importance, mais aussi par sa localisation précise, dans une vaste - 7 500 m2 - mais non luxueuse exploitation agricole de l'âge du fer, délimitée par un enclos doublé d'un talus, et comprenant des habitations sur poteaux, un parc à animaux ainsi que des greniers surélevés. "De très nombreux habitats celtiques ont déjà été fouillés sans que l'on n'ait jamais trouvé la moindre monnaie", souligne Yves Menez, directeur scientifique et technique de l'Inrap.
La trouvaille soulève de multiples questions. Quelle signification, politique, religieuse ou symbolique attacher aux motifs ornant ces monnaies ? Ont-elles été dissimulées, puis oubliées, pour éviter que les légions romaines de Jules César ne s'en emparent, comme peut le laisser supposer la concomitance de leur émission - datée d'après leur alliage du milieu du premier siècle avant J.-C. - et de la conquête des Gaules ? Surtout, quel était leur usage ? "Elles représentaient, à l'époque, une fortune colossale. Pas plus que les billets de 500 euros, ces pièces ne servaient aux transactions courantes, commente Yves Menez. Elles étaient sans doute réservées à des acquisitions importantes, ou à une thésaurisation." Pourquoi enfin le site, occupé depuis le IIIe siècle avant notre ère, a-t-il été abandonné en pleine romanisation ?
L'or de Laniscat éclaire en tout cas d'un jour neuf la puissance de la cité des Osismes, peuple gaulois contrôlant le Finistère ainsi que l'ouest du Morbihan et des Côtes-d'Armor, que l'on croyait jusqu'alors, à tort, sous la dépendance des Vénètes (de Vannes). Il pousse aussi à reconsidérer la stratification des sociétés gauloises, que l'on pensait duales, avec une riche aristocratie vivant dans des agglomérations fortifiées (les oppida) et de simples fermiers. "La réalité devait être plus complexe, pense Yves Menez, avec des situations intermédiaires."